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Nous sommes tous des don Calogero ?


Il existe deux sortes de villes, celles dont le centre historique est resté branché, et offre cafés, restau, boutiques de qualité comme Paris, Bordeaux ou Milan, et celles comme Marseille, Alexandrie ou Bogota dont le centre est assez populaire, consacré au tourisme et à la politique. Palerme d’où j’écris fait partie de la seconde catégorie. Les beaux quartiers résidentiels sont à l’extérieur. Qui, avec des moyens, voudrait vivre dans des rues de trois mètres de large sans lumière, ascenseur, ni voiture ? Restent les églises, plus de 600, presque vides, et les palais. Heureusement que les Américains en ont détruit beaucoup avec leurs bombardements à l’aveugle, mais il en reste des centaines, la plupart magnifiques et abandonnés. Pour comprendre Palerme, la Sicile et l'histoire du monde, il faut relire ou revoir Le Guépard. Le sort du prince Salina est celui de Lord Crowley (dans Downtown abbey) et de tant de héros de Balzac : la démocratie prend la place de l’aristocratie avec un immense différentiel d’art de vivre. L’avenir appartient à don Calogero, ce gros pignouf plein de sous. Aujourd’hui, la noblesse sicilienne a complètement disparu et les palais qui ne sont pas en ruine sont la proie des touristes démocratiques en jean et baskets qui se tordent le cou pour admirer les lustres, les dorures et les tableaux d’ancêtres. Et encore, Calogero n’avait pas d’appareil photo.

Nous, nous faisons partie de ces admirateurs, mais en tant que voyageurs, dit Michèle, pas comme touristes, nuance ! Quels infatigables bâtisseurs étaient ces nobles orgueilleux, jamais rassasiés de splendeurs et de merveilles. Quel style ! Quelle classe, ! Que de milliers et de milliers de tonnes de blocs de pierre et de marbre extraits, traînés et hissés sans machines ! J’en frémis en pensant au tour de rein que je me suis fait en déplaçant trois blocs au cabanon la semaine dernière. Et ces plafonds de 6 mètres de haut quand il n’y avait ni chauffage ni ascenseurs ! Et les motifs décoratifs sur les façades, qui occupent la plus grande partie de l’espace ! Un mobilier digne d’Hermès rapporté des quatre coins de l’Europe depuis 5 siècles !

Mais quelle était la vie des ouvriers agricoles des plaines siciliennes : bestiale, crasseuse, violente et brève (Hobbes) ?

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