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Faire la grève de la conso


Une fois, les femmes en avaient un peu marre de mettre au monde des garçons, de les nourrir, de les élever et de les aimer pour qu'il aillent se faire tuer à 20 ans en disant qu'il n'y avait rien de plus agréable que de mourir glorieusement au combat. Alors, elles ont décidé de faire la grève du sexe jusqu'à ce que les hommes affamés arrêtent de se battre et organisent un grand banquet de fraternisation avec les ennemis, et puis aillent leur faire l'amour tranquillement.

Vous avez reconnu, mon lecteur bien lettré, la pièce qu'Aristophane a donnée en 411 avant J-C, en pleine guerre entre Athènes et Sparte : Lysistrata est la jolie Athénienne dont le nom signifie Faites l'amour, pas la guerre.

Ces femmes-là ont en somme appliqué le conseil de La Boétie : Cessez de servir et vous serez libres. Nous, aujourd'hui, ce qui nous inquiète le plus, c'est le sort de la planète exténuée par la surconsommation. Lysistrata nous dit : vous n'avez qu'à faire la grève de la consommation. Épuisez vos objets, faites durer encore trois jours votre tube de dentifrice et trois mois votre vieux paletot, rafistolez, supportez, récupérez, supprimez, épargnez, diminuez, recentrez.

- C'est très dangereux ce que vous dites-là, surtout en ce moment où tout le monde attend la reprise économique. Vous ne voyez-pas que les marchés sont à l'arrêt ? Il faut consommer, au contraire, pour relancer le commerce et la production !

- Si vous êtes libéral, soyez-le jusqu'au bout, mon cher lecteur, ou plutôt revenez au principe de la main invisible, la fameuse loi de l'offre et de la demande. Si nous arrêtons d'empiler les fripes et les godasses dans nos placards, d'acheter des SUV, des croisières et des vacances à Saint-Domingue ou en Thaïlande, etc., que croyez-vous qu'il arrivera ?

- Vous ne voudriez quand même pas qu'on oblige les vendeuses des centres commerciaux désertés à s'occuper des enfants et des vieux et que les ouvriers des usines de bagnoles retournent au champ faire de l'agriculture bio, comme au Cambodge sous Pol Pot !

- Certainement pas : il suffit que la demande de soins et de produits sains augmente, y compris en terme de rémunération : comme l'eau qui suit la pente, les petites mains iront d'elles-mêmes dans la bonne direction.

- Hum... À propos de petites mains et de bonne direction, ça me fait penser... Après, qu'est-ce qu'on fera, après tant de soins ?

- Mon lecteur !! Après ? Ben..., peut-être que Lysistrata dégrafera son corsage.

- Et avec un soutien-gorge, on fera deux masques ! Comme ça, on sera porteur sains

- Mon lecteur... !


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