Un imbécile habite-t-il dans tout intellectuel ?

Franchement, je m'pose des questions. Est-ce que la culture et en particulier la culture du passé sert à quelque chose ou à rien du tout ? Je connais toutes les réponses classiques et conventionnelles. J'ai passé ma vie à étudier et à enseigner sous des formes diverses : ça rend partial car c'est peut-être pour justifier ma vie que je pourrais commencer à faire l'éloge de la littérature, de l'histoire, de la philo, des arts, etc : air connu. En sens inverse, on évoque toujours les nazis, si raffinés et si cruels. C'est en effet bien troublant. Et les intellectuels français du XX° siècle se sont majoritairement lancés dans le stalinisme et le maoïsme comme des moutons de Panurge. Etc.
Je repense à un texte où Michel Tournier dit à peu près que quand le garçon de café dit à la caissière Je vous aime, il reproduit sans le savoir des schémas hérités de Tristan et Iseult, de La nouvelle Héloïse et de La Charteuse de Parme bien qu'il ignore jusqu'à l'existence de ces romans qui sont simplement passés dans son ADN par la chanson, la télé, la conversation, etc. Quelle formidable économie de moyens ! Nicolas Sarkozy s'est fait huer chez les profs parce qu'il a eu le malheur de dire que les étudiants d'une école de commerce n'avaient pas besoin d'avoir lu La Princesse de Clèves. Il avait évidemment raison !
J'entends chaque matin à France-Culture des intellectuels faire des phrases alambiquées pour dire en termes confus et ennuyeux ce qu'on aurait pu dire en une formule. Et combien de fois je m'suis dit qu'une personne douée d'un peu d'bon sens et d'intuition pouvait arriver aux mêmes conclusions en trois clics qu'un savant qui a lu cent livres.
Montaigne n'a fait que dire cela et Pascal frappe très fort quand il affirme qu'il y a des ordres "différant" et que les immenses progrès qu'on peut faire dans l'ordre de l'intelligence ne nous avancent pas d'un millimètre dans l'ordre du cœur, qui est de loin le plus important !
Je pense vraiment tout ce que je viens d'écrire et je crois qu'il faut commencer par désosser complètement une question. Mais, si vous suivez ce blog avec tant d'assiduité, mon cher lecteur, vous savez déjà que mon taoïsme m'inspirera sans tarder un billet en sens inverse qui se demandera ce qui est vraiment utile une fois qu'on a fait place nette.
Quant à la formule qui m'a servi de titre, je l'ai trouvée dans les vieux papiers dont je vous ai déjà parlé et qui m'ont occupé tout l'été. Sans même de point d'interrogation !
